16 octobre 2018 2 16 /10 /octobre /2018 15:23

 

 

Chaque jour, je vois de nouvelles manifestations se dérouler au Venezuela, et je cherche le moyen d’en rendre l’ampleur.

Manifestation pour l'accés aux soins. Un exemple parmi des dizaines

Manifestation pour l'accés aux soins. Un exemple parmi des dizaines

 

 

Certaines touchent des secteurs entiers du monde du travail : monde paysan et sa récente Marche Admirable sur Caracas, protestations des différents secteurs du travail dans leur ensemble comme ceux de la santé ou de l’enseignement, lutte ouvrière pour la protection des conventions collectives, manifestations ponctuelles de groupes locaux de chacun de ses secteurs pour différentes raisons (mauvaises conditions de travail, arrestations de militants, assassinat ou harcèlement de dirigeants paysans, la liste est longue), manifestation d’usagers des transports, des services publics (manque d’eau, manque d’électricité, absence totale d’hygiène publique, difficulté d’accès à des services publics qui réduisent drastiquement leurs horaires pour faire face aux pénuries alors que les moyens de transport pour les rejoindre ont parfois totalement disparu, parents d’élèves face à un disparition de l’enseignement faute de professeurs, de matériel scolaire, et ici encore de moyens public d’accès aux locaux), manifestations indigènes face à toutes les exactions qu’ils subissent (déplacements forcés, exactions typiques de nouvelles implantations minière -violence et maltraitance des femmes et jeunes filles, plus pollution par le mercure de leur culture… j’en passe et des plus tristes), mutinerie de prisonniers qui vivent des conditions d’infra-humanisation dans des prisons d’infortunes improvisées pour faire face à une explosion du nombre d’incarcérés, protestation pour des thèmes de DDH…
 

42 jours de grève pour les travailleurs de la Guyana qui exigent le respact des conventions collectives. Un exemple parmi des dizaines

42 jours de grève pour les travailleurs de la Guyana qui exigent le respact des conventions collectives. Un exemple parmi des dizaines

Chaque jour j’en approfondi une dizaine en recoupant les sources, même s’il y a longtemps que j’ai pu vérifier qu’il ne s’agit pas de montages hollywoodiens pour discréditer le Venezuela.

Aujourd’hui l’Observatoire Vénézuélien de la Conflictivité sociale donne des chiffres pour le mois de septembre… je pense qu’ils sont en dessous de la vérité, parce que recenser tout les mouvements de mécontentements populaires, état par état, entreprise par entreprise, quartier par quartier est tout bonnement impossible. Mais cela reste tout de même un bon indicateur… de la généralisation de la conflictualité sociale, de sa variété, il faut savoir qu’une bonne partie de ces manifestants et /ou groupements de manifestants sont fidèles au gouvernement, il ne s’agit pas pour la plus grande partie d’entre eux d’un soutien, pas même implicite à l’opposition, loin de là. Au contraire une bonne partie d’entre eux (les évaluations quantitatives sont difficiles à réaliser), un partie significative et en expansion reproche au contraire au président, Leur Président, celui pour lequel ils ont voté de prendre une ligne d’action qui le rapproche toujours d’avantage de l’opposition oligarchique et se coupe toujours plus d’une base réduite à la misère.
 

Maduro choque une population dont une partie est réduite à trouver sa nourriture dans les ordures. Comme les toujours plus nombreux enfants des rues.
Maduro choque une population dont une partie est réduite à trouver sa nourriture dans les ordures. Comme les toujours plus nombreux enfants des rues.

Maduro choque une population dont une partie est réduite à trouver sa nourriture dans les ordures. Comme les toujours plus nombreux enfants des rues.

Un des grands changements, c’est que Maduro non seulement s’est auto-proclamé Président du Parti Socialiste Unifié du Venezuela - dans une confusion de plus en plus aboutie du parti et de l’état – s’arrogeant le droit de désigner lui-même les principaux cadres du parti, presque tous sont d’importantes figures de l’exécutif. Alors que d’autres part, il s’est accordé les pleins pouvoirs  grâce qu décret 3610 du 8 septembre en tant que Président de l’état. Un long décret qui instaure un régime présidentiel tout puissant.

Ce qui consomme la rupture déjà bien avancée entre cadres du parti qui planent complètement au-delà des contingences, tout occupés à construire un avenir qui fera d’eux les maîtres incontestés du pays. Alors que les bases du PSUV débattent de problèmes concrets.

J’insiste aussi sur le fait que se met en place un système de contrôle et répression qui fait transforme toujours d’avantage le gouvernement démocratique en régime totalitaire. Je donne deux exemple : répression : l’usage grandissant qui est fait de l’inculpation pour « trahison à la patrie » qui touche des couches de plus en plus larges de la dissidence et sont parfois le fruit de règlement de comptes personnels de la part des membres des forces de l’ordre et de la répression. Contrôle : le prix de l’essence va être adapté au prix du marché mondial. Avec des salaires qui tournent autour d’un dollars par mois, forcément, un subside sera accordé à « ceux qui le méritent », comme le dit Maduro dans son allocution bilan d’un mois de nouveau système économique. Pour cela les acheteurs d’essence devront montrer patte blanche, grâce à un système de payement par empreinte digitale qui s’installe dans tout le pays. Fournit clé en main par la Chine, dont on sait qu’elle fait grand usage du même système pour contrôler la dissidence interne, en particulier les déplacements des populations Ouïghours.

Un groupe d'indigènes Pemon coupe une route pour protester contre leur denuement quasi absolu. Un exemple parmi des dizaines

Un groupe d'indigènes Pemon coupe une route pour protester contre leur denuement quasi absolu. Un exemple parmi des dizaines

On constate également que le prix du passeport a été multiplié, atteignant un montant qui en équivalence salariale porterait le prix d’un passeport européen vers les 10 000 euros, alors qu’une nouvelle Police des Frontières a été mise en place…. Rendant toute émigration impossible pour la majorité pauvre qui voudrait quitter le pays.

Mais oui, le Venezuela est en phase d’insurrection populaire, indéfiniment prolongée, toujours plus durement réprimé, mais composée de luttes qui cherchent actuellement l’Unité. Cela avance aussi.

Mais voici les chiffre de septembre 2018 : L’Observatoire de la Conflictivité Sociale recense 983 protestations. Soit 33 par jour dans tout le pays. En 2017 le recensement constatait 199 protestations.


 

Protestation à el Maizal, la plus productive des communes agricoles pour arrestation de leades communaux qui sont aussi des fervents défenseurs du Parti. Un cas parmi des dizaines

Protestation à el Maizal, la plus productive des communes agricoles pour arrestation de leades communaux qui sont aussi des fervents défenseurs du Parti. Un cas parmi des dizaines

Caisse CLAP, alimentation principale d'une majorité de vénézuéliens.

Caisse CLAP, alimentation principale d'une majorité de vénézuéliens.

Je sais bien que beaucoup de lecteurs sont conscients de cela, ceux que je vise, ce sont tous ceux qui continuent à soutenir inconditionnellement Maduro et sa clique, en pensant que de cette manière ils viennent en aide à la population du pays. Vous avez tout faux ou presque… je ne suis pas souvent aussi affirmative, mais là ce sont des mois de confirmations quotidiennes, d’approfondissement entre autre par la fastidieuse écoute des chantres du régime (le mode ce sont eux qui le disent)…. Si c’est la gauche que vous voulez défendre, elle n’est plus au gouvernement dont les membres exhibent à présent leurs signes extérieurs de richesse dans les coteries de l’entreprise mixte mise en place grâce à une série de mesures de privatisation, exemption d’impôts, distribution de dollars préférentiels, et autres distributions de centaines de millions de dollar de subsides à l’opposition oligarchique qui est actuellement l’interlocuteur privilégié du régime, alors que l’annulation des contractions collectives met le peuple à sa disposition, réservoir de main d’œuvre bradée. La gauche du Venezuela, aujourd’hui elle est dans la rue. Elle appelle une solidarité qui lui fasse écho.

A chacun selon sa conscience,

 

Anne Wolff

 

Qui voudrait éviter les immanquables « On ne savait pas » qui ne manqueront pas de venir, plus tard. Trop tard peut-être. Trop tard certainement pour tous ceux qui souffrent cette situation au quotidien dont toujours plus nombreux sont ceux qui en meurent, depuis les nouveaux nés dans les hôpitaux inslubres aux papis qui meurent dans les interminables files d’attente d’une pension qui n’arrive pas. Et je ne parle pas de cette majorité de bénéficiaires des CLAPs aide alimentaire du gouvernement qui reçoivent à présent des farines OGM composées en partie de maïs OGM US destinés dans ce pays à l’alimentation des porcs…. Un exemple parmi d’autres de la basse qualité de cette aide alimentaire de l’état, panier de base d’une majorité de la population, quantitativement insuffisante, qualitativement immangeable, et qui n’arrive pas toujours jusqu’à ses destinataires.

Malnutrition infantile. 1 cas parmi des dizaines de milliers

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Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

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