2 octobre 2018 2 02 /10 /octobre /2018 11:22

 

 

Que l’on se tourne vers les états de « démocratiques », de gauche, de droites, religieux ou ceux dont on ne sait trop quoi penser, un phénomène est général, dans les lois ou dans les faits, on assiste à une réduction parfois drastique des droits politiques des peuples.

 Jorge Correa "Boro", journaliste espagnol, sera jugé demain 3 octobre, suite à un montage policier. Il risque 6 ans de prison.

Jorge Correa "Boro", journaliste espagnol, sera jugé demain 3 octobre, suite à un montage policier. Il risque 6 ans de prison.

La loi de sécurité nationale, dite « loi bâillon » , est une loi qui sévit en Espagne depuis quelques années. J’en avais traduit le contenu à la fin de l’année 2013, je vais le reproduire ici ainsi que reprendre le « cas Boro » un journaliste menacé de 6 ans de prison pour ? ? ? Nada, rien, la seule explication plausible est qu’il est un journaliste engagé qui dénonce justement aussi les abus policiers.

Tout d’abord je vais reprendre le texte de cette loi, par la suite je reprendrai le témoignage écrit par Boro au moment de son arrestation, ainsi que les vidéos témoins de son arrestation. « Soy periodista », crie-t-il alors. « Je suis journaliste... ». Les flics s’en fichent totalement.

Et pour finir je ferai le point sur l’évolution de la situation, alors que demain se déroulera le procès de Boro, pour lequel le parquet demande une peine de 6 années de prison.

Un autre exemple de l’application de cette loi, ce sont deux jeunes filles condamnées chacune à 400 euros d’amende pour avoir dit à la fin d’une manifestation que cela leur ficherait la honte d’être flic. Ce n’est pas un cas isolé, c’est symbolique d’une dérive autoritaire de l’état espagnol au cours des dernières années .

En vérité à ce tarif, je serais endettée jusqu’au cou. Encore que là où je vis, comme c’est arrivé à plusieurs de les amis, on peut se retrouver au fond d’un cachot, pour avoir tenté de s’interposer contre une arrestation arbitraire ou des violences policières. Ce qui est aussi une forme de bâillon, à présent nous sommes moins prompts à réagir face aux abus d’autorité, parce que dans ce monde où être civique consiste à dénoncer, où faire part tout soupçon de « comportement déviant » est encouragé par la mise à disposition de lignes de téléphone gratuites, la sympathie du public va plutôt aux flics, même quand ceux-ci sont clairement les agresseurs. Ainsi le sentiment de « cela ne sert à rien de s’interposer» entraîne un auto-bâillonnement. Au-delà des dérives espagnoles, le bâillonnement inscrit dans la loi et l’auto-bâillonnement dans les faits sont en progression en Belgique aussi.

 

Espagne : Loi Bâillon, journalistes en prison. Le cas « Boro » 1

Au sujet de l’Espagne je faisais un constat à l’époque (avril 2014) qui est plus que jamais d’actualité. :

 

En un an, les 8 plus grandes fortunes d'Espagne ont augmenté de 25%

Et cela est un SCANDALE !

 

Les dérives dictatoriales en Espagne sont quotidiennes et toujours plus interpellantes, il faudrait un suivi  de "faits divers" comme celui-ci (le cas « Boro ») au quotidien pour en mesurer l'ampleur, les débordements de répression et les conséquences d'une loi de Sécurité "bâillon"  - des protestations en général mais en particuliers de la liberté de la Presse et toute forme de liberté d’expression dissidente, des procès se multiplient pour condamner la libre parole - qui crée de nouveaux délits en masse et des amendes complètement démesurées, de quoi endetter à vie celui qui voudrait s'opposer au Régime Néo franquiste du Pays..... Ajoutons une multiplication des agressions commises par des groupes d'extrême-droite toujours plus décomplexés et http://www.lahaine.org/b2-img14/lhdetenido.jpgqui ont la sympathie non dissimulée du PP au pouvoir.... c'est un véritable coup d'état législatif  d'extrême-droite qui s'est produit dans ce pays où les plus riches prospèrent sur les douleurs d'un peuple toujours plus étranglé par une misère croissante : morts de froid - des millions de personnes vivent la "pauvreté énergétique", de faim, de manque de soin dans des hôpitaux sans médicaments où il faut amener ses propres draps, d'enfants sans écoles, de parents sans revenus,  alors que la fortune des quelques plus riches du pays a augmenté dans d'ignobles proportions, mais c'est normal n'est-ce pas, c'est la globalisation fascisante à laquelle nous sommes tous confrontés,  moins de moyens, moins de droits, plus d'obligations, une répression accrue teintée de violence et sadisme, privatisation des bien publics, massives expropriations à échelle planétaire, pendant que quelques-très rare, deviennent des propriétaire de monde...etc…

En Espagne tout ces processus sont bien avancés. Que les peuples de Belgique, de France soient ignorants de la réalité d'Amérique Latine, c'est loin... mais là ce sont nos voisins, et l'ignorance de leur sort, notre absence de solidarité, nous mènent droit vers un scénario amélioré (pour les Corporations) d'Espagne franquiste dans une Europe nazie... et je doute que Poutine puisse rééditer cette "libération" soviétique de l'Europe qui fut le déclencheur d'une intervention US, dont les corporations ont soutenu tant Hitler que Franco, et pour qui une Europe nazie était un excellent marché, ordonné, discipliné, mais une Europe soviétique eut été une menace ! Et si !  Après il y eu Dresde, Berlin, Hiroshima, Nagasaki… Franco est resté, la CIA a fabriqué les colonels en Grèce, et la mise en scène de « Nuremberg » a permis aux métastases du nazisme d’essaimer en tout lieu, à présent le diagnostic est de cancer généralisé….

Seule une vraie solidarité avec les autres peuples, à la base, peut nous sauver du pire qui vient !

Le soir de l'arrestation de "Boro"

Le soir de l'arrestation de "Boro"

La « Loi de Sécurité Nationale »

 

L’avant-projet de Loi de Sécurité Citoyenne approuvée par le Conseil des Ministres espagnol établit sept types d’infractions avec des amendes allant de 30 001 à 600 000 euros. Il considère également 31 classes d’infractions graves pour lesquelles sont prévues des amendes allant de 1001 à 30 000 euros et 20 infractions légères punissables d’amendes allant de 100 à 1 OOO euros. Voici en résumé, les principales infractions que prévoient les nouvelles normes, qui remplace la loi approuvée en 1992, aussi connue comme ‘loi Corcuera » ou « du coup de pied dans la porte » :

Infractions très graves (amendes de 30 001 à 600 000 euros)

- Convocation et participation à des manifestations à finalité coercitive et inobservance de la législation électorale depuis la fin de la campagne au moment des votes.

- Perturbation très grave de l’ordre dans des événements publics, sportifs, culturels, spectacles, offices religieux et autres réunions nombreuses.

- Réunions et manifestations non communiquées ou interdites dans des lieux considérés à infrastructure critique comme les centrales nucléaires ou les aéroports, ainsi que l’intrusion dans leur enceinte, incluant le survol et l’obstruction à leur fonctionnement.

- Fabrication, commercialisation et détention illégale d’armes et explosifs non catalogués.

- Célébration de spectacles publics ou activités récréatives rompant l’interdiction ou la suspension ordonnée par les autorités.

-Aveugler avec des dispositifs de types lasers à des conducteurs de trains, métros, ou pilotes.

.

Infractions graves (amendes de 1001 à 30 000 euros)

- Concentration non communiquées face aux institutions de l’Etat comme le Congrès, le Sénat, les parlements autonomes et les hauts tribunaux, même s’ils ne sont pas en activité et quand la sécurité citoyenne est perturbée.

- Perturbation grave de l’ordre dans des événements publics, sportifs, culturels, offices religieux et autres réunions nombreuses.

- Perturber l’ordre public, encagoulé ou avec n’importe quel élément qui rend difficile l’identification

- Désordres graves sur la voie publique ou provocation d’incendies qui représentent un danger pour les personnes ou les biens.

- Obstruction à l’autorité dans l’exécution de leurs décisions administratives ou judiciaires, comme les expulsions.

- Faire gravement obstacle à l’action des services d’urgence dans l’exercice de leurs fonctions.

- Désobéissance ou résistance à l’autorité ou à ses agents dans l’exercice de leur fonctions et refus d’identification

- Perturbation de l’ordre dans les campagnes électorales.

-Manifestations et réunions sans autorisation ou qui enfreignent la loi de réunion et le refus de dissoudre celle qui ont été autorisées par l’autorité. Aussi quand elles se produisent dans des centrales nucléaires, aéroports, etc.

- Porter, exhiber ou user d’armes de manière négligente ou téméraire ou hors des lieux prévus à cet usage

- Offense ou outrage à l’Espagne, aux communautés autonomes et entités locales et leurs institutions, symboles, hymnes ou emblèmes, effectuées par n’importe quel moyen.

- La prostitution et la demande de ses services à la proximité de zones infantiles, comme les parcs, collèges et dans les lieux où elle met en danger la sécurité routière comme les accotements.

- Fabrication, commerce et détention illégale d’armes réglementées, explosifs, catalogués et matériel pyrotechnique.

-Faire obstruction aux inspections et contrôles réglementaires dans les usines, locaux et établissements.

- Justifier le terrorisme, la xénophobie et la violence contre la femme, de même que l’exhibition de photos de terroristes.

- Usage d’uniformes policiers ou de services d’urgence sans autorisation.

- Manque de collaboration avec la Police dans l’enquête ou la prévention de délits.

- Actes qui portent atteinte contre l’intégrité sexuelle (libre de souffrir des lésions) des mineurs

- Consommation et détention de drogues dans les lieux publics et leur tolérance

- Le Botellon (rassemblement festif de la jeunesse dans les lieux publics NdT) quand est gravement perturbée la tranquillité citoyenne et qu’il n’est pas autorisé.

-Les “cundas” ou taxis de la drogue

-La culture de drogues

- Forcer ou inciter des mineurs à consommer de l’alcool ou des drogues

- Les dommages graves au mobilier urbain comme auvents, corbeilles à papier ou conteneurs, ainsi que les actes de vandalisme des services publics, en plus d e l’obstruction à la voie publique avec des véhicules, conteneurs et pneumatiques

- Escalader des édifices publics en mode de protestation

- Mauvais usage d’animaux féroces et maltraitances des animaux.

Infractions légères (amendes 100 à 1000 euros)

- Manifestations et réunions qui enfreignent la loi de réunion

- Exhibition d’objets dangereux à des fins d’intimidation

- Enfreindre des restriction à la circulation piétonnières ou des itinéraires à l’occasion d’un acte public ,une réunion ou une manifestation

-Menacer, contraindre, user de traitement dégradants et injurier les agents de la force publique de sécurité veillant au maintien de l’ordre public, par exemple lors de manifestations ou autres formes de protestation, et l’enregistrement, la diffusion d’images qui portent atteinte à leur droit et leur honneur ou leur image ou qui peuvent mettre en danger leur sécurité ou celle de l’intervention policière.

- Menace, contrainte, injures ou traitements dégradants sur la voie publique.

- Injure ou calomnies par n’importe quel moyen de diffusion aux institutions, autorités, agents et employés publics, ainsi que le manque de respect.

- Réaliser ou inciter à des actes qui portent atteinte à la liberté sexuelle.

- Aveugler avec des dispositifs de type laser les forces de sécurité

-L’occupation de n’importe quel espace commun, public ou privé et l’installation de tentes de camping ou tonnelles sans permis dans la rue.

- Perdre trois fois ou plus son DNI (documents d’identité) dans une durée de 5 ans ou refuser de donner ce document quand son retrait est accordé.

- Les dommages légers au mobilier urbain comme des auvents, corbeille à papiers ou conteneurs, ainsi que les actes de vandalisme aux services publics, par exemples les peintures et graffiti.

- Pratique de jeux et de sports dans des lieux non habilités quand cela entraîne des risques pour les personnes.

- Entraver la circulation piètonnière

- Escalader des édifices ou monuments ou s’en lancer.

- Retirer les barrières de la Police qui délimitent les périmètres de sécurité.

 

Traduction Anne Wolff

Source en espagnol

Régimen franquista español saca su nueva "Ley de Seguridad Ciudadana" | CONTRAINJERENCIA

Alors que les manifastations de rejet de cette loi se multiplient en Espagne, 5 membres du comité des droits humains de l'ONU demandent le retrait de cette loi liberticide (début 2015)

Alors que les manifastations de rejet de cette loi se multiplient en Espagne, 5 membres du comité des droits humains de l'ONU demandent le retrait de cette loi liberticide (début 2015)

Suivra Récit de son arrestation par Boro lui même, ainsi que les vidéos qui témoignent.

Et enfin qu’en est-il aujourd’hui… Recherches, traductions, compilations, cela prend du temps et j’en suis la première désolée. Ce sera donc en plusieurs parties. Jusqu’au résultat du jugement, et à la victoire ou aux luttes qui en résulteront.

Anne W

Espagne : Loi Bâillon, journalistes en prison. Le cas « Boro » 1
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Gilles Deleuze, février 1977.

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