19 septembre 2015 6 19 /09 /septembre /2015 19:37
Univers carcéral étasunien

A la suite des textes publiés au sujet de la Prison d’Etat de Pelican Bay en Californie, qui stigmatise un des plus terribles aspects des prisons étasuniennes, la mise en isolement qui concerne des dizaines de milliers de personnes, je crois qu’il n’est pas inutile de faire une compilation de quelques autres aspect de l’univers carcéral étasunien. Un univers qui pèse comme une menace sur le devenir de l’Europe.

Je vous donne ici quelques références concernant ces autres aspects et points saillants des articles cités ci-dessous.

Nous verrons à travers ces exemples que la privatisation des prisons constitue un réservoir de main d’œuvre exploitable à merci. Il faut savoir que dans de nombreuses prisons, privées étasunienne, le choix est simple ; soit les prisonniers travaillent soit ils sont mis en isolement.

Nous découvrirons aussi que les sociétés privées qui gèrent ces prisons constitue un puissant lobby, qui travaille en duo avec des législateurs et dont le but est de promouvoir des incarcérations toujours plus longues pour des délits toujours plus légers. Alors que certains de ces gestionnaires de prisons exigent des états où se situent leurs établissements pénitentiaires un quota d’occupation.  Ce qui amène des juges à prononcer des peines de prisons pour remplir ces quotas.

Nous découvrirons que ces pratiques trouvent leur origine dans l’esclavage. Les esclaves « libérés » accusés de ne pas remplir leurs obligations, comme métayer, par exemple, ou de commettre de petits larcins, deviennent des prisonniers- objets loués pour divers travaux.

Ce qui confirme ce sentiment que provoquent cette dérive de l’incarcération, dans le monde marchands, quand les exclus en tous genres sont toujours d’avantages exposés au risque d’incarcération, alors que le travail obligatoire s’impose dans les prisons privatisées toujours plus nombreuses.

Nous constaterons aussi qu’aux EU, les étrangers en situation irrégulières sont devenus une cible privilégiées de ces pratiques.

Nous constaterons que nombre des entreprises les plus importantes des Etats-Unis recourent à ce genre de pratiques et que certaines abandonnent leurs productions dans les zones pourtant connue pour leurs conditions esclavagistes de travail comme les zones de maquiladoras  par exemple pour les relocaliser dans les prisons étasuniennes.

Parmi les firmes qui recourent au travail des prisonniers IBM, Boeing, Motorola, Microsoft, AT&T, Wireless, Texas Instrument, Dell, Compaq, Honeywell, Hewlett-Packard, Nortel, Lucent Technologies, 3Com, Intel, Northerm Telecom, TWA, Nordstrom, Revon, Macy's, Pierre Cardin, Target Stores,…

Univers carcéral étasunien

Je le redis, et j'insiste, il faut une bonne fois pour toute cesser le jeu de la compétitivité, état de guerre imposés entre les travailleurs de différentes origines ou régions qui est le jeu de concurrence, une guerre entre travailleurs,  imposée par le patronat, dont les premiers sortent toujours perdants et dont les derniers sont les grands gagnants disposant dans le monde entier de réservoir de travailleurs prêts aux plus grands sacrifices pour l’aumône d’un emploi exploité au maximum des possibilités du travailleur et même au-delà.

Aujourd’hui, je vois des gens qui se réjouissent de la mise au travail forcé des inactifs dans des conditions d’insécurité d’emploi, pour 3 euros de l’heure, en Belgique, en complément de leur revenus de remplacement. Ces « bons citoyens » - « je travaille, je vote, je paye mes impôts » – ne voient pas qu’ils creusent la tombe de leurs propres exigences en matière de Droit du Travail. 

Le modèle étasuniens nous montre que la mise au travail des prisonniers constitue une concurrence faussée et déloyale forcée » pour les travailleurs « libres », de même que tout travail socialement obligé qui échappe aux réglementations favorables au travailleurs.. Il nous montre aussi que les peines de prisons plus nombreuses et de plus longue durée n’augmentent en rien la sécurité des "bons  citoyens »

Les salaires dans certaines prisons étasuniennes sont de 17 centimes de l’heure, dans d’autres ils peuvent atteindre deux dollars, mais en tout état de cause, les bénéfices réalisés par les entreprises qui y recourent sont prodigieux. Par exemple entre 1980 et 1994, les bénéfices réalisés par les entreprises qui y recourent passent de 392 millions de dollars à 1,31 milliard alors que le chômage s’étend dans la « société libre » ? Ce qui entraîne une augmentation de délinquance, et en tolérance zéro une fabuleuse augmentation de main d’œuvre dans le vivier des prisons. Une dynamique dangereuse.

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Quelques extraits de textes illustratifs de cette "concurrence prisonnière et tout à fait faussée sur le marché du travail" :

Le travail dans les prisons des États-Unis :
un grand négoce ou une nouvelle forme d'esclavage ?

…[ Le recrutement privé de prisonniers pour travailler incite à emprisonner les gens. Les prisons dépendent des revenus ainsi engendrés. Les actionnaires des sociétés qui s'enrichissent grâce au travail des prisonniers intriguent pour la prolongation des peines, qui leur permettent de développer leur main d'oeuvre.]…

…[ Le Complexe de l'Industrie des prisons est une des industries dont la croissance est la plus élevée aux États-Unis d'Amérique du Nord, et ses investissements sont cotés à Wall Street.]…

…[ - La promulgation, dans treize États, de la "trois chefs d'accusation" : prison à perpétuité pour toute personne convaincue de trois félonies, a nécessité la construction de 20 nouvelles prisons. Un des cas les plus remarquables relatifs à cette mesure est celui d'un prisonnier qui, pour avoir volé une voiture et deux bicyclettes, a reçu trois peines de 25 ans.]…

…[Le travail des prisonniers trouve ses racines dans l'esclavage. Depuis la Guerre civile de 1861, époque à laquelle un système de "location de prisonniers" a été mis en œuvre pour perpétuer la tradition de l'esclavage. Les esclaves libérés ont été accusés de ne pas respecter leurs obligations de métayer (travailler la terre du patron en échange d'une partie de la récolte) ou de petits larcins — très rarement prouvés — puis ils ont été "loués" pour récolter le coton, travailler dans les mines et construire des chemins de fer. En Géorgie, de 1870 à 1910, 88 % des condamnés loués étaient des Noirs.]…

…[ Sur la liste des entreprises clientes figure la fine fleur des entreprises des États-Unis : IBM, Boeing, Motorola, Microsoft, AT&T, Wireless, Texas Instrument, Dell, Compaq, Honeywell, Hewlett-Packard, Nortel, Lucent Technologies, 3Com, Intel, Northerm Telecom, TWA, Nordstrom, Revon, Macy's, Pierre Cardin, Target Stores, et beaucoup d'autres encore. Toutes ces sociétés sont enthousiasmées par le boom économique engendré par le travail des prisonniers. Rien qu'entre 1980 et 1994, les gains produits sont passés de 392 millions à 1,31 milliard.

Les travailleurs internés dans les prisons d'État reçoivent généralement le salaire minimum, mais dans certains États comme le Colorado, les salaires atteignent 2 dollars l'heure. Dans les prisons privées, la rémunération peut être de 17 centimes de l'heure pour un maximum de six heures par jour, ce qui donne un salaire de 20 dollars par mois.]…

Et le reste est à l’avenant…

Sur ce même thème :

Les prisons, une source de profit très rentable

…[Ce qui a changé, c’est la « Guerre contre la drogue » elle a abouti à la prolifération de lois répressives et à l’accroissement du nombre d’incarcérations pour un tout ou pour un rien. Ces changements sont poussés par les lobbyistes très influent des prisons américaines, évidemment privées, elles tiennent à leur business rentable. Elles ont achetées la plupart des politiciens aux Etats-Unis avec des dons rendus possible par le contrôle inexistant du financement des campagnes américaines. Leurs objectifs est de faire augmenter le nombre de personnes en prison ce qui équivaut pour elles à une augmentation de leur marge de profit. Une prison est payée entre 45 et 130 dollars par jour et par détenus. Ces établissement privés ne rendent pas non plus de compte à l’Etat, cette absence de contrôle créer une impunité. Celle de maltraiter par l’isolement ou les privations sensorielles]…

…[…Corrections Corporation of America et GEO, les deux plus grandes entreprises du secteur pénitentiaire privé, ont cumulées à elle deux 2,9 milliards de bénéfices l’an dernier. La crise économique, dont le bouquet final se fait attendre, va faire augmenter radicalement la pauvreté aux Etats-Unis, la délinquance s’en suivra par corrélation, les profits aussi.]…

…[L’argent étant aussi pouvoir, on peut craindre qu’augmente celui d’une entreprise dont l’activité bénéficie à la fois de l’absence de politique efficace contre la délinquance et la criminalité, mais également de la présence de lois répressives et d’un contrôle accrue de la population.]…

Les prisons privées aux États-Unis : un commerce plus lucratif que la drogue.

…[ “L’industrie surgit dans un contexte dominé par la mentalité conservatrice de l’époque de Ronald Reagan et dans le cadre de la politique de la main dure, qui créèrent une demande suffisante pour convaincre un groupe d’investisseurs qu’il existait une opportunité pour les entreprises […] les entreprises commencèrent par construire des « prisons spéculatives », autrement dit, elles construisirent sans encore avoir de contrats avec les gouvernements locaux ou des états.

Les premières prisons furent construites dans des villages petits et pauvres avec la promesse de garantir des emplois, d’augmenter la perception d’impôts et de diminuer les coûts que provoquait pour les gouvernements la population carcérale croissante. ]…

…[ Entre 1999 et 2010, la population carcérale aux États-Unis grandit de 18% mais le nombre de prisonniers dans les prisons privées fédérales et des états augmenta d’environ 80%. 

CCA possède 66 prisons avec une capacité de 91 000 prisonniers, alors que le Groupe Geo possède 65 prisons et peut héberger plus de 65 700 détenus. Leurs bénéfices annuels en 2011 furent de 1 700 millions et 1 600 millions de dollars respectivement.

Au niveau fédéral, cette croissance se base sur la privatisation d’une grande partie du système de détention des immigrants sans papiers, pendant que pour les états, elle fut obtenue grâce à « la coupe des fonctionnaires » par les autorités locales, qui permit la signature de contrats peu conventionnels.]……

[A l’égal de l’industrie militaire, l’industrie carcérale a acquis ses talents pour la négociation à coups de millions de dollars investis en lobbying et obtenu une partie de son influence grâce au groupe ALEC (Conseil d’échanges législatifs étasuniens)

ALEC n’est pas formellement un groupe de lobbying.

Son slogan est “gouvernement limité, liberté de marchés, fédéralisme”, sa fonction est de rédiger et promouvoir des projets de lois et ses membres comprennent plus de 2 000 législateurs de l’état et directeurs exécutifs de grandes corporations (jusqu’à il y a quelques années CCA et le Groupe Geo)

Leur regroupement est organisé par des commissions, comme celles du Pouvoir Législatif, et chacune d’elles est dirigée par un législateur en fonction et un entrepreneur impliqué dans le secteur en question. ]

 

Univers carcéral étasunien

D’autres aspects sont corrélatifs de cette dynamique qui rend la délinquance profitable aux entreprises qui trouvent leur réservoir de main d’œuvre en prisons et ont donc tout intérêts à en voir d’une part augmenter le taux et d’autre part à voir se renforcer le caractère répressif et criminalisant du système.

Extension de la notion de délinquance appliquée au sans-abri et malades mentaux. Fermeture des écoles des quartiers aux populations colorées qui ont toujours moins accès à une éducation de qualité.

Condamnés également au système carcéral, les fous, les SDF

Rêve "américain" : En prison les fous ! 

En Prison aussi les SDF

L’ONU accuse les E.U. de traitement cruel, dégradant et inhumain envers les pauvres

 

La fermeture des hopitaux psychiatriques à jetés dans les rues d’innombrables malades mentaux tout à faits incapables de gérer cette situation. La tendance à la tolérance zéro va jeter un grand nombre d’entre eux en prison. De même pour des sans abris qui dessus comme dans l’exemple du texte en référence ci-dessus.

Le cas de Jerôme Murdoch, qui n’est pas un cas isolé. Ex-marine qui cumulait les troubles mentaux et le sans-abrisme. Une situation courante pour de nombreux vétérans. Incarcéré pour viol de propriété privée pour avoir trouvé refuge par une nuit glaciale dans l’escalier couvert d’une habitation publique, il sera retrouvé mort, cuit dans sa cellule pour cause de disfonctionnement du système de chauffage de la prison.

Et pour clore, quelques précision sur l’ « alternative » offerte aux jeunes des quartiers colorés, alors que les établissements d’enseignement public ferment en masse alors que ce multiplie les établissements pour apprentis soldats, future chair à canon de l’empire : l’armée ou la prison.

Pour en savoir plus

Etats-Unis, écoles fermées. Alors que on recense  65 000 enfants en prison aux Etats-Unis , et que vous apprendrez ici Etats-Unis, pays du progrès de la misère que il ne faut pas grand-chose pour que des jeunes fassent connaissance avec la prison.

…[ les EU s’étaient déjà illus­trés suite à la crise capi­ta­liste par un accrois­se­ment spec­ta­cu­laire de gosses vivants dans la rue , 1.6 mil­lions, une pro­gres­sion record de 45 % depuis 2010, mais aussi 46 mil­lions d’amé­ri­cains sur­vi­vent grâce à des bons ali­men­taire soit une aug­men­ta­tion notoire de 74 % depuis 2007. Le gen­darme du monde n’est plus capa­ble d’assu­rer le gite et le cou­vert sur son sol. Un enfant sur 4 y vit dans la misère]… et donc

…[ Diane Tran, 17 ans peut témoi­gner de l’atten­tion par­ti­cu­lière que l’état amé­ri­cain, fidèle ser­vi­teur du grand capi­tal, tou­jours prêt à brimer une popu­la­tion aux abois, lui a réservé : une nuit de taule pour absen­téisme sco­laire. La gamine cumule 2 tafs en plus de sa sco­la­rité pour nour­rir ses frères et sœurs, les parents ayant fuit le domi­cile fami­lial. (…)com­bien de Diane Tran, au par­cours moins méri­tant au regard des médias mains­tream et pour des motifs aussi absur­des, crou­pis­sent dans les geôles démo­cra­ti­ques amé­ri­cai­nes dans l’indif­fé­rence géné­rale.]...

Bonne question.

Et l’autre branche de l’alternative est présentée ici :

Pourtant généreusement le gouvernement offre une alternative celle de devenir enfant soldat de Etats-Unis, l’alternative étant alors pour beaucoup de jeunes des quartiers de couleurs la prison ou l’armée. Voir à ce sujet Les enfants soldats des Etats-Unis

 

Univers carcéral étasunien

Par Ann Jones, mais cela nous entraîne vers d’autres thèmes qui nous prouvent, si c’était encore à démontrer que les EU unis sont forts mal placés pour donner des leçons à qui que ce soit en matière de Droits Humains.

Anne

Alternative à la prison

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Gilles Deleuze, février 1977.

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