Je vous renvoie aujourd’hui à un texte important, publié par Pièces et Main d’œuvre : « Les vrais « fascistes » de notre temps - Le Corbusier et les architectes urbanistes ». Un site incontournable qui va à l’essentiel, essence de l’humanité, essence de la vie et dénonce ce qui dans la société technocratique à vocation transhumaniste, celle de l’homme augmenté au cyborg, remet en question cette essence même.
Souvent quand je vois des reportages, des photos qui nous parle de pays lointains, je suis frappée de voir une homogénéisation de l’architecture, une homogénéisation de l’urbanisme. Pavillons pour classes moyennes, immeubles de bureaux des Centres Urbains, banlieues pourries de HLM,… partout c’est la même stérilité architecturale qui prévaut dont les angles tranchant blessent le regard. Surtout ceux qui sont habités par l’infinie diversité des possibles en matière d’habitat et la beauté du chaos organisé de la nature, reposant et régénérant pour les vivants que nous sommes (encore).
J’ai vu détruire l’âme de ma ville Bruxelles à coups de bulldozers qui en ont éradiqué l’histoire, la mémoire et l’âme. Cela ne s’invente pas, les sociétés qui ont commis ces ravages avaient pour nom Crèvecœur et Froiddecœur. Je ne sais pas quand j’ai compris que cette transformation du paysage était une des manifestations intrinsèques et obligée de la globalisation, mais il était alors déjà bien trop tard, ma ville n’était plus, elle ne renaîtrait pas de ces cendres, le Nouveau Monde avait pris place.
A cette même époque de destruction massive, l’alliance occulte entre le Bourgmestre de Bruxelles Paul Van Den Boeynants, qui utilise des hommes de pailles pour pratiquer une spéculation immobilière éhontée, que rendent possible ses choix en matière d’Urbanisme, sera déterminante pour le devenir de la ville. Quand la question se pose du choix entre une ville où les transports en commun prévalent sur l’automobile, les prodigieux profits qu’il pourra tirer de la propriété des parkings au centre de la ville dicte son choix assassin. Et des voies rapides de « pénétration urbaine des automobiles » rompent avec le rythme ancien et paisible de la ville piétonne.
Entre les souvenirs d’enfance, les récits de mes grands-parents et ce voyage que je viens de faire en image dans un passé pas si lointain qui évoque l’époque où monde urbain et rural fusionnaient dans les communes de la périphérie bruxelloise, je reçois une fois de plus confirmation de tous les sacrifices qui sont exigés de nous alors que la circulation automobile prévaut sur le bien-être des habitants.
Aujourd’hui je pense que la nouvelle version de la Place Flagey, sécuritaire et anti-conviviale n’est pas pour rien dans le phénomène de destruction massive que subit notre petit groupe d’amis qui avaient pris l’habitude de s’y retrouver. Dans le texte « Les espaces publics se défendent des indésirables », que j’avais relayé en septembre 2011, cette architecture sécuritaire de la nouvelle version de la Place Flagey est évoquée. En fait, c’est totalement contre productif, et jamais Flagey n’avait connu autant de délinquance, de violence et de misère stagnant sur ses bancs en rangs d’oignon contrecarrant toute possibilité de convivialité, d’intimité.
Le document que nous soumet Pièces et Main d’Œuvre illustre aussi très bien la manière dont des gouvernements dits de gauche, parfois croyant bien faire, installe le fascisme sur leur territoire par la forme des murs, habitats et autres bâtiments dont ils promeuvent la construction. C’est le cas actuellement au Venezuela où le « mission Vivienda » reproduit les mêmes erreurs qui ont été commises en France avec les HLM sans âme, loin de toute manifestation de la vie collective, ni magasins, ni lieux de loisirs. Générant par sa structure même ses formes de délinquance et de criminalité, ces propres maladies de l’âme pour ses habitants enfermés dans leurs petites boîtes trop étroites.
Parce que parfois,un miracle, lumière éphémère d'un coucher de soleil, rend à la place un semblant de magie
vendredi 26 juin 2015 par Pièces et main d’œuvre
On sait que rien n’est plus galvaudé en France, aujourd’hui, que le terme de « fasciste ». Cela tient au confusionnisme général ; aux falsifications révisionnistes type Ni droite, ni gauche (Zeev Sternhell) et L’ idéologie française (BHL) ; aux manipulations de la gauche d’Etat qui se drape dans la pose avantageuse de la Résistance ; aux délires de convulsionnaires qui s’arrogent le titre d’« antifascistes » et le privilège de frapper d’infamie les gens qui contredisent leurs lubies.
Les mots « fascisme » et « fasciste » renvoient à un phénomène précis et daté : des mouvements de masse militarisés, dans l’entre-deux guerres, menés par des chefs charismatiques, mobilisant des idéologies archaïques, religieuses ou païennes, et les technologies les plus modernes, au service d’expansions nationalistes et futuristes.
Ce fascisme-là a toujours été minoritaire en France, même « aux heures les plus sombres de notre histoire », à Vichy et sous Pétain. Les Quarante millions de pétainistes (H. Amouroux) qui s’en remirent au vainqueur de Verdun entre juin 1940 et juin 1941, n’étaient pas des « fascistes », mais des orphelins en quête d’un père de la Nation. Les vrais fascistes, les maigres milices de Doriot, Déat, Deloncle qui déchaînèrent leurs exactions sous la botte de l’occupant, n’ont laissé que des fantômes d’ héritiers, tout juste bons à justifier un fantôme d’antifascisme. Aussi avons-nous toujours employé avec des guillemets et parcimonie ce mot de « fascisme ». (cf. Postures et impostures : au Grand Guignol de la Gauche (leur « antifascisme » et le nôtre). Cf. Le vrai « fascisme » de notre temps. Bas les pattes devant Snowden, Manning, Assange et les résistants au techno-totalitarisme.)
Il se trouve que Le Corbusier fut un vrai fasciste, sans guillemets ni repentir. A la fois dans ses opinions et ses amitiés. Il se trouve que l’idéologue du modulor, de « l’homme standard » et de la « la machine à habiter », fut le maître à construire des communistes, des gaullistes, des dictateurs comme des démocrates, et de toute une génération d’architectes urbanistes, en France et dans le monde, après la défaîte des fascismes. C’est que par-delà leurs guerres pour la prise de l’Etat, fascistes, communistes, et républicains partageaient le même idéal technocratique de l’urbanisme fonctionnaliste. Tous s’inscrivaient avec ferveur dans ce mouvement techno-totalitaire : l’homme-machine dans sa machine à habiter, dans une ville-machine, dans un monde-machine. C’est qu’il ne suffit pas d’être antifasciste (communiste, "blanquiste", trotskyste, stalinien, castriste, maoïste, etc.) pour être antitotalitaire.
Hackers et « antifascistes », encore un effort pour être de votre temps. Il ne suffit pas de rabâcher la sempiternelle critique de la « gentrification », de l’éviction des habitants des quartiers populaires au profit de vos amis et congénères de la creative class (R. Florida), pour combattre les nouvelles Metropolis. En Chine, en Californie, comme à Nice, Paris et partout dans le monde voici la smart city, la cité machine automatisée, la version 2.0 de la police urbanistique. L’organisation optimale de l’ordre public. Mais cette « ville intelligente » criblée de capteurs, traversée de « flux » , de « réseaux », de « virtualités » innombrables, n’est-ce pas précisément votre matrice adorée, et donc, comment pourriez-vous la brûler ?
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